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About 

DOP, Photographer. 

Quatre bords qui découpent , quatre bords aiguisées comme des lames de rasoir qui tranchent sans hésiter, enferment le modèle dans un cadre comme pour l'obliger à recevoir la lumière, à la prendre, à s'enivrer de cette lumière qui vient le frapper, le modeler, le dessiner.

Un photographe c'est cela, choisir, ce que l'on prend, ce que l'on garde et ce que l'on rejette, choisir la lumière qui, en cohérence avec le cadre donnera sa puissance à l'image. Et enfin, décider du moment, de l'instant où l'oeil collé à l'appareil, le photographe va déclencher. Ce geste anodin d'appuyer parce que la magie d'une image est apparue, furtivement dans le viseur,un dixième de seconde, un cent vingt cinquième, parfois moins. Il fallait la capter mais pour qu'elle revienne, qu'elle gagnent intensité, cette image à peine entraperçue, le photographe se doit d'amener son modèle à ce point de tension, de force et, là aussi, de cohérence avec le cadre et la lumière pour que l'on parle 'un portrait et non plus, simplement, de la photo d'une femme ou d'un homme.

Alain Duplantier est de ceux qui maitrisent avec une détermination qui ne connait pas de compromis, cet art si difficile du portrait. 

A l'heure où chacun a le souci du contrôle de son image, il n'hésitera pas avec une infinie gentillesse, à bousculer son modèle, le forcer à quitter le costume étroit et rassurant de l'image qu'il a de lui même, pour l'inviter à habiter son cadre, à l'habiter avec intensité, avec force, avec ferveur parfois. La lumière si présente, si prégnante dans ses photographies, sculpte plus qu'elle ne dessine les visages, les corps, les espaces, glisse sur les peaux, souligne les courbes, les reliefs, les accidents et les cicatrices comme autant de paysages que la lumière caresse. 

L'expressionnisme chevillé au corps, à l'heure de la dernière étape de ce long processus, celle du tirage, Alain Duplantier s'enfermera dans le labo et n'en sortira que quand les noirs dans ses photographies auront donné, paradoxalement, toute leur incandescence. 

Aujourd'hui Cet amour et cette maitrise du cadre et de la lumière Alain Duplantier a su les mettre au service  du cinéma.

Alain Duplantier, je l'ai connu sur les bancs de l'école de photo que nous faisions ensemble à Toulouse. Il m'avait déjà impressionné par la détermination avec laquelle il défendait son point de vue et dessinait un monde parallèle, son monde, dans les contours duquel il faisait se plier le réel. Je l'ai revu plus tard à Paris et nous avons travaillé ensemble à Libération. Il a su mettre alors au service du journal sont regard au fil des parutions. On se pose la question de savoir si celles et ceux qui ont eu, un jour, à faire face à l'objectif d'Alain Duplantier on été heureux du portrait qu'il a fait d'eux. S'ils n'ont pas le sentiment que ces sont leurs fantômes qu'Alain est allé cherché plus qu'eux mêmes.

Laurent  Abadjian  - Directeur du service photo de Télérama

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